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Les débuts de KAWS

Warren Levy art - Les débuts de KAWS

Une plongée dans ses premières interventions urbaines jusqu’à sa consécration institutionnelle

Le parcours de KAWS – Brian Donnelly de son vrai nom – illustre la voie qui mène d’un activisme visuel clandestin à une consécration institutionnelle rare pour un artiste issu du street art. Son esthétique, fondée sur des détournements d’images commerciales et des personnages aux yeux « XX », dialogue aujourd’hui avec les grands musées tout en conservant l’énergie des premières nuits new-yorkaises.

I. Les interventions urbaines, 1993-1999

1. Billboards et abribus : laboratoire clandestin

Dès 1993, l’étudiant de la School of Visual Arts s’attaque aux immenses panneaux publicitaires de Manhattan, repeignant logos et mannequins pour y glisser son crâne-croisé signature. Très vite, l’illégalité devient méthode : à l’aide d’un outil prêté par l’artiste Barry McGee, il ouvre les vitrines d’abribus et de cabines téléphoniques, emporte l’affiche, la retouche en atelier, puis la réinstalle quelques jours plus tard, intacte en surface mais subvertie en profondeur.

2. Les couloirs du métro

Dans le même élan, il investit les encarts rétro-éclairés du réseau MTA à New York. L’artiste remplace les visages de mannequins par ses crânes cartoon, obligeant les voyageurs à un double regard qui brouille publicité et art. Ces gestes, proches du « subvertising », installent un dialogue critique plutôt qu’un simple acte de vandalisme.

II. De la rue au marché global

Bounty Hunter Companion (Brown) (1999)

À la fin des années 1990, la clé des abribus ouvre aussi la porte du Japon : la sortie en 1999 du premier vinyl toy Companion chez Bounty Hunter marque un tournant et crée un pont durable entre art urbain et produit dérivé. L’artiste fonde ensuite la boutique OriginalFake à Tokyo, confirmant une stratégie où l’objet édité devient à la fois médium critique et vecteur populaire. Cette hybridation séduit collectionneurs classiques et amateurs de streetwear, élargissant son audience sans diluer son langage visuel.

III. La reconnaissance muséale

KAWS – Family (Grey/Pink) – KAWS – Objets, Plastique

1. KAWS: WHAT PARTY, Brooklyn Museum, 2021

La rétrospective new-yorkaise réunit plus de cent œuvres, des carnets graffés aux sculptures monumentales. Elle rappelle notamment les affiches détournées des années 1990 et marque l’entrée de ses personnages dans le canon contemporain.

2. KAWS: NEW FICTION, Serpentine Galleries, Londres, 2022

Premier solo londonien, cette exposition associe toiles physiques et réalité augmentée, accessible via Fortnite, confirmant la vocation transmédiatique de son œuvre et sa capacité à toucher un public mondial connecté.

3. Cycle nord-américain, 2023-2025

Le Parrish Art Museum présente TIME OFF en 2024, soulignant son dialogue avec la culture populaire américaine. En 2025, le SFMOMA annonce KAWS: FAMILY, avec plus de cent pièces retraçant trente ans de création, en clôture d’une tournée internationale organisée par l’Art Gallery of Ontario.

Conclusion

En trois décennies, KAWS est passé de l’ombre des couloirs du métro à la lumière des galeries muséales sans renoncer à l’irrévérence originelle. Son itinéraire prouve qu’un langage né dans la rue, lorsqu’il est porteur d’une vision forte et cohérente, peut conquérir les plus grandes institutions tout en conservant l’aura d’une culture populaire vivante.

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